Du désengagement au #QuietQuitting : le coût de l’inaction RSE des entreprises
Combien coûte le manque d’action RSE des entreprises ? Quel impact sur l’engagement de leurs salariés ? Le premier baromètre Imagreen Kantar met en lumière les liens entre inaction RSE des entreprises, désengagement salarial, et réalise une modélisation du coût que cela représente pour l’économie française.
Mettre en place une politique RSE coûte cher aux entreprises ? Mais combien cela leur coûte-t-il, actuellement, de ne pas avoir de politique RSE pertinente, donnant lieu à des actions concrètes, mises en valeur par une communication sincère ?
Pour la première fois, un institut de sondage a mesuré le coût de l’inaction RSE des entreprises, en lien avec le désengagement de leurs salariés.
Imagreen, société de conseil qui accompagne les acteurs publics et privés dans leur transition sociale, environnementale et économique, a sollicité l’institut Kantar pour mettre des chiffres sur un constat formulé par le GIEC.
Lors de la publication du 3ème volet de son 6ème rapport, le GIEC a formulé ce constat, en forme d’avertissement :
Qu’est-ce que cela signifie, concrètement, pour les entreprises françaises ? De quel coût parle-t-on, et est-il mesurable ?
Des salariés-citoyens en pleine dissonance cognitive
À la question “diriez-vous que votre quotidien en entreprise est en accord avec vos convictions personnelles et modes de vie sur le plan social et environnemental ?”, 39% des salariés évoluant dans des entreprises de 100 salariés et plus répondent : non.
En France, ce sont donc 4 salarié·es sur 10 qui disent ressentir un décalage entre leurs convictions personnelles et leur quotidien en entreprise.
Plus d’un tiers des salariés se sentent désengagés du projet de leur entreprise, pour différente raisons. Mais 75% d’entre eux ressentent ce décalage entre convictions personnelles et action en entreprise.
Dissonance ou non, près de 90% des salarié·es qui se sentent désengagé·es estiment qu’ils ne sont pas assez impliqué·es dans les réflexions et décisions RSE. Engagement des salarié·es et implication RSE des entreprises sont donc corrélés.
La quête de sens au travail traverse tous les âges et toutes les CSP
L’un des leviers d’action mobilisés par les équipes d’Imagreen dans l’accompagnement de ses clients est le recrutement. Or, après plus de dix ans d’expérience dans le recrutement de profils nécessaires au développement des entreprises du secteur de l’environnement, une tendance se fait de plus en plus évidente : les candidat·es sont à la recherche de sens, de responsabilité, d’action concrète et positive dans la transition écologique.
Cette intuition était surtout présente concernant la jeunesse : des grèves scolaires initiées par Greta Thunberg aux discours de rupture prononcés par de nombrons diplômés des Grandes Écoles, en passant par le Manifeste Pour un Réveil Écologique, les actions de la jeunesse se sont multipliées et intensifiées au cours des 5 dernières années.
Or, les résultats du baromètre révèlent que ce manque de cohérence entre convictions personnelles et vie professionnelle affecte de manière quasiment identiques toutes les générations.
Cette situation est ressentie par une part plus importante des fonctions opérationnelles — 44% d’ouvriers, 43% d’employés et 40% techniciens et agents de maîtrise — que des cadres — 29% de cadres et cadres dirigeants. Mais elle est bel et bien vécue par l’ensemble des CSP.
Les conséquences du manque d’action RSE
Dissonance et désengagement provoquent des réactions multiples : remise en question des décisions prises par les managers et la direction, et/ou critique ouverte et publique de la stratégie et des choix de l’entreprise (46%), absence d’initiative dans les missions et/ou retard dans l’exécution de tâches qui manquent de sens (52%), ou encore conflit direct avec les collaborateurs et/ou prise de distance concrète (36%).
Pour d’autres encore, les conséquences de cette dissonance se traduisent de manière physiologique. Parmi les personnes se déclarant désengagées, et ressentant cet écart entre leurs convictions personnelles et leur vie professionnelle, 28% viennent travailler chaque jour avec la boule au ventre.
Du désengagement à la fuite des talents
Si les premiers critères de recherche d’emploi restent, selon notre baromètre, le niveau de salaire, suivi d’un bon équilibre des temps personnels et professionnels, la quête du sens au travail arrive au pied du podium.
En revanche, le manque de sens et d’utilité socio-environnementale du travail entraîne directement un désengagement, qui constitue souvent un premier pas vers la sortie.
En effet, le baromètre Imagreen Kantar montre que 6 salariés sur 10 envisagent ou ont pris la décision de quitter leur entreprise. Aujourd’hui, c’est donc un peu plus de 1,4 million de femmes et d’hommes qui sont sur le départ ou proche du départ, en partie à cause du manque d’efficacité de leur entreprise à contribuer positivement à la société et à l’environnement. Plus de 1 de ces salarié·es sur 2 est dans une démarche de formation ou de reconversion, ou envisage de le faire.
Quel est le coût économique et social de l’inaction RSE ?
Au-delà de la fuite des talents, et de ses conséquences pour le développement des entreprises concernées, ce phénomène a un coût économique, qu’il est possible d’estimer.
Sur la base des salaires déclarés par nos répondants et des statistiques de l’INSEE concernant les entreprises de plus de 100 salariés, Imagreen et Kantar ont pu estimer la masse salariale brute, hors cotisations patronales, des collaborateurs qui sont désengagés et qui ressentent un conflit entre convictions personnelles et vie d’entreprise.
Cette estimation est comprise entre 56 et 67 milliards d’euros.
La RSE, moteur d’engagement et de développement
Quoiqu’il en coûte de développer une politique RSE pertinente et efficace au sein des entreprises, ce coût sera toujours moins élevé que celui du désengagement massif, et du mouvement de démissions qu’il entraîne dans sa suite. Les phénomènes de Grande Démission aux États-Unis et, plus près de chez nous, du #QuietQuitting qui gagne du terrain mental et social, en sont les symptômes.
Pourtant, les conclusions de ce premier baromètre Imagreen Kantar sont encourageantes à bien des égards.
Si près de 6 salariés sur 10 considèrent qu’ils ne sont pas suffisamment impliqués dans la stratégie RSE, ils sont nombreux à pallier parfois d’eux-mêmes les lacunes de leur entreprise en la matière. En effet, il n’est pas rare de constater que les salarié·es se mobilisent pour créer spontanément des collectifs visant à faire évoluer la stratégie de leur entreprise en matière de RSE.
3 salarié·es sur 10 confirment l’existence de ces organes autonomes, majoritairement dans le secteur du BTP et de l’immobilier (58%), de l’automobile, des transports et de la logistique (38%) et enfin dans la banque et l’assurance (32%).
Près de 3 salariés sur 10 souhaiteraient faire partie de ces organes si elles existaient dans leur entreprise.
Agir ensemble pour la transition sociale et environnementale
La lutte contre les inégalités, le changement de modèles économiques et la formation aux enjeux RSE sont les 3 actions prioritaires des salariés. Près de 1 salarié sur 2 considère que les efforts doivent être ciblés sur la lutte contre toutes les formes d’inégalités : les salaires (30%), qui s’explique potentiellement par une situation conjoncturelle qui pèse sur le pouvoir d’achat, les genres (16%) et la discrimination à l’embauche (14%), facteur d’exclusion professionnelle.
La formation et la sensibilisation des collaborateurs aux enjeux climat et aux bonnes pratiques environnementales sont des leviers d’actions pour 44% des salariés. Elles se répartissent entre les enjeux climat (18%) et les gestes écologiques du quotidien en entreprise (32%).
Pour plus de 4 salariés sur 10, l’évolution de la stratégie est considérée comme un levier à prioriser. Ce changement de paradigme est plébiscité par 25% des salariés qui considèrent que de nouveaux modèles économiques doivent être mis en place. Des modèles d’affaires qui doivent se corréler à une relocalisation de la production ou une politique d’achat responsable permettant de privilégier le made in France (25%).
L’ensemble de ces chiffres étaie la conviction profonde de Justin Longuenesse, co-fondateur et président d’Imagreen :
« La transition sociale et environnementale se fera avec et par le travail. Si nous ne prenons pas en compte très rapidement ce qui peut redéfinir le sens et la valeur travail, les entreprises vont se frotter à une résistance de plus en plus grande de leurs salariés. Cette résistance pénalisera leur productivité et aura, de part des critiques ouvertes dans les sphères privées, des conséquences sur leur image de marque. Cette image impactera à la baisse les indicateurs de préférence et conduira à la longue, à leur récession commerciale. Tout cela, sans parler de la résistance des consommateurs. »
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Téléchargez la synthèse complète du baromètre Imagreen Kantar.
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